Trois générations au service de la pierre

Dans un premier temps le fils assiste le père, qui le considère… comme un artiste. Il débute comme maçon, le 31 octobre 1963 avec 100 fr (15, 24 euros) et dépense la moitié en essence. Très vite notre homme décide de se démarquer des autres et se spécialise dans la maçonnerie fine et les cheminées de style. Ayant rapidement évolué dans son art, il décide et réussit à s’exporter à l’étranger, en Allemagne, Italie, Slovénie, Suisse ou encore Etats-Unis.
Même s’il a un goût prononcé pour l’ancien, il lui arrive d’œuvrer dans des habitations modernes. Il connait tout de la caminologie (étude du tirage des cheminées) pour parfaitement adapter sa production à l’environnement immédiat. Après cinq ans d’exercice, il est déclaré « maître tailleur », par la Chambre de commerce. Natif de la région, il s’est installé à Saumur et aux Rosiers avant d’acquérir son fief à Dampierre sur Loire.
Dampierre-sur-Loire (49)

L’atelier
Une couleur domine, celle du tuffeau. Une fine couche de particules recouvre les sculptures, les pierres commandées aux Carrières Lucet, les armoiries qu’il affectionne particulièrement, elle imprègne les outils, les manches, les étagères. Le temps y a laissé ses empreintes.
Ici le travail est roi, les 35 heures n’ont jamais existé. A une époque, Jean Claude avait 5 employés et les commandes se répartissaient entre un chef d’atelier, un compagnon, un apprenti. Maintenant notre preux chevalier songe à sa retraite en compagnie de sa femme Joelle qui s’occupe des chiffres. Lui gère internet, modernité oblige.
L’exposition permanente en troglo : matière et mémoire
Derrière le logis, vous pénétrez sous le coteau, dans une ancienne carrière d’extraction gigantesque. Vous êtes accueilli à l’entrée par une cheminée monolithe, sculptée à même la roche, datant de Mathusalem. Il fut un temps où quelques carriers habitaient là. Une fois passé le seuil, la visite commence, vous découvrirez des cheminées aussi monumentales les unes que les autres, du Gothique, à Louis XVIII en passant par la Renaissance. Cà et là, quelques sculptures et « délires d’artiste ». De salle en salle, séparées par des arches de soutènement de style gothique, vous arrivez au fond de l’antre pour découvrir de splendides ammonites… dans leur jus.
La taille en images

Jean Claude nous fait une démonstration : le temps de cuisson d’un rôti, un bloc de tuffeau s’est transformé en corniche élégamment sculptée. La valse du tuffeautier s’accompagne de polka, marminette et autre macette (portuguaise et française) et cisèle à volonté boudin, cavet, toutes formes à volonté. Cela parait facile, en tout cas remarquablement expliqué par le maître des lieux. Mais ne vous y fiez pas, si la pierre est tendre, le travail est dur.
Ce portrait ne pouvait se terminer en conclusion sans une « chanson de gestes » en images. Mais rien ne vaut le déplacement : le site et… l’artiste vous attendront lors des journées Rendez-Vous Troglos du 18 et 19 juin.
Si vous voulez en savor plus : www.jcgazeau.fr
photos de Soraya Wahbi et Patrick Edgard-Rosa