Préludes
Nous approchons de Guadix pour la première fois, à la nuit tombée. La route qui déroule son long ruban noirâtre serpente le fond de la vallée. Dans l’ombre qui commence à envelopper le paysage, j’ai juste le temps d’apercevoir avec ravissement comme des fenêtres au loin ouvertes béantes, surplombant une enceinte massive qui se confond avec l’ocre de l’argile. Mais nous arrivons à Guadix. Il me reste cette vision fugitive. Je nous fait la promesse, au hasard de nos périgrinations, de retrouver le lieu. Quelques jours plus tard nous arrivons, à force de ténacité à la porte d’entrée où il est indiqué Almagruz, sans nous douter le moins du monde de ce qui nous attend. Là, il y a bien sûr les suites hôtelières évoquées précédemment, restaurées sous la conduite de Maria Dulce. Je n’ai qu’une idée en tête, découvrir à nouveau ma première vision. Mon impatience sera finalement récompensée : Maria nous emmène à la rencontre de la forteresse.
Au cœur du troglodytisme
La maçonnerie massive est adossée à la falaise d’argile, comme encastrée dans la roche : je pense aussitôt à Petra (Jordanie), à Louxor (Égypte) de par la majaesté du lieu. A flanc de montagne, la bâtisse embrasse la vallée avec sa chevelure onduleuse de peupliers. Les lourdes portes massives s’ouvrent sous la main de Maria Dulce et nous pénétrons dans la « Caverne d’Ali Baba ». Point de 40 voleurs, mais 40 troglodytes ! Nous restons pantois devant la pièce et les trésors entreposés. La voûte s’enfonce sur une bonne quinzaine de mètres. Une longue table centrale permet à quelques vingt personnes de s’asseoir à son chevet. Les murs sont tapissés d’une bibliothèque remplie de toutes sortes d’ouvrages , traitant du… troglodytisme. Au fond, retro-projecteur, ordinateurs dorment silencieusement. Le lieu respire l’étude, la recherche, la réflexion. Nous suivons à pas lents notre hôtesse qui nous emmène dans deux grandes salles creusées sous roche pour nous présenter un parcours initiatique, pour qui s’interesse à la roche, à l’environnement, au troglodytisme. Un éco musée dédié à l'hisoire, l'artisanat et l'économie rurale : tissage, vannerie, poterie, four à chaux, cultures vivirères, travail de "picadores" qui creusent la roche... Tout ce que vous voulez savoir sur le troglodytisme andalou est aussi là sous vos yeux. Nous sommes au cœur d’un centre de ressources sur le troglodytisme.
Une suite sans fin
Autres salles, autres histoires : il y a la partie atelier réservée aux enfants des écoles qui viennent à la découverte de l’histoire naturelle régionale, puis le parcours en lumière naturelle, de reconstitution des cuevas d’époques passées successives, riches en informations. Nous débouchons enfin sur une serre intérieure où l’on sent l’influence de Grenade qui accueille les visiteurs, les groupes, les chercheurs.
Avant-garde
De retour dans la salle de conférence, nous avons une conversation à bâtons rompus avec la maîtresse des lieux, entrecoupés de documents vidéos qui retraçant en 3D l’histoire de la Vallée… Je tombe en arrêt devant quelques livres épars, Jean-Paul Loubes (les cavernes creusées de Chine), Bertholon…. Je découvre « el troglodytismo vivo » et au travers de ce magnifique ouvrage, des troglos que je ne soupçonnais pas à Albacete, Barcelone, Burgos, pour n’en citer que quelques-uns.
Maria Dulce nous fait part de sa profonde passion pour le troglodytisme, local mais aussi mondial. Elle a accueilli les participants de projets tels que Caves network, rassemblé au fil du temps toutes sources d’informations, organisé , monté, entrepris des projets éducatifs à destination des familles. Elle est l’interface libre du troglodytisme andalou, dont elle défend l’origine rurale et qu’elle promeut de ses propres mains, sans l’aide d’une quelconque instance. Elle insiste sur son indépendance, les lourdeurs administratives, le manque de prise en compte de son expérience, et du long chemin solitaire qui l’a conduit à cet endroit qu'elle et son mari ont patiemment réhabilité au fil du temps, et des voyages hebdomadaires qu’ils entreprennent entre Guadix et Madrid où ils vivent et travaillent.
Nous qui cherchons dans le Saumurois depuis des années à créer un centre de ressources dédié au troglodytisme, voici en tout cas un exemple à suivre, dont on pourrait largement s’inspirer. Et ce qui m’a également frappé pour finir, c’est le concept même qui se définit comme « centre d’interprétation du troglodytisme », idées à creuser.
Maria Dulce nous fait part de sa profonde passion pour le troglodytisme, local mais aussi mondial. Elle a accueilli les participants de projets tels que Caves network, rassemblé au fil du temps toutes sources d’informations, organisé , monté, entrepris des projets éducatifs à destination des familles. Elle est l’interface libre du troglodytisme andalou, dont elle défend l’origine rurale et qu’elle promeut de ses propres mains, sans l’aide d’une quelconque instance. Elle insiste sur son indépendance, les lourdeurs administratives, le manque de prise en compte de son expérience, et du long chemin solitaire qui l’a conduit à cet endroit qu'elle et son mari ont patiemment réhabilité au fil du temps, et des voyages hebdomadaires qu’ils entreprennent entre Guadix et Madrid où ils vivent et travaillent.
Nous qui cherchons dans le Saumurois depuis des années à créer un centre de ressources dédié au troglodytisme, voici en tout cas un exemple à suivre, dont on pourrait largement s’inspirer. Et ce qui m’a également frappé pour finir, c’est le concept même qui se définit comme « centre d’interprétation du troglodytisme », idées à creuser.