Basalte et bouse de vache
Le site d'Ajantâ est composé d'une trentaine de grottes artificielles creusées dans du basalte dur, dont certaines restent inachevées. Elles sont décorées de fresques et de sculptures.
Découvertes en 1819 par des soldats anglais, les grottes sont situées au fond d'un ravin boisé. Elles s'étagent entre 10 et 40m au-dessus du lit d'un torrent coulant en contrebas. Elles sont construites au-dessus de la boucle de la rivière. Des escaliers ou des échelles permettaient d'accéder aux grottes depuis le fond du ravin. Elles furent creusées en partant du plafond et en descendant vers le sol, une technique utilisée de façon générale en Inde.
Les grottes se classent en trois groupes, la construction des plus anciennes date des IIe siècle et Ier siècle av. J.-C., au temps où la dynastie Shâtavâhana régnait sur l'Inde centrale ; le deuxième groupe du IIIe à la fin du Ve siècle (dynastie des Vâkâtaka) et le troisième de la fin du VIe à la fin du VIIIe siècle (dynastie des Châlukya de Vâtâpi). La plupart des murs intérieurs des grottes sont couverts de peintures à fresque. La technique utilisée fut la fresque à sec ( a secco) et non sur plâtre humide. Les parois des grottes étaient recouvertes d’une couche de 6 à 7 cm d’un mélange de glaise, bouse de vache et poils d’animaux, renforcés avec de la fibre végétale. Puis on appliquait une couche de chaux blanche, dessinait les croquis et peignait avec des pigments naturels. Enfin, les peintures étaient polies avec une pierre pour les faire briller.À l'époque de leur découverte, elles étaient en bon état de conservation, mais elles se sont depuis beaucoup dégradées en particulier sous l'effet du tourisme de masse. Cependant, certaines offrent encore un aperçu de ce qu'elles pouvaient offrir au temps de leur splendeur.
Un centre religieux et scolastique
En effet, Ajantâ était un important centre monastique et universitaire. À son apogée, le site abritait probablement plusieurs centaines de religieux, élèves et professeurs. Il a abrité de célèbres moines philosophes dont Dignaga au VIème siècle.
Les grottes se classent en deux catégories : les premières servaient de refuge aux moines durant la saison des pluies, les autres servaient plutôt de salles de réunion et de prière. Les premières, comportent habituellement un large porche, couvert par un toit soutenu par des piliers, aujourd'hui disparu, et donnent vers l'intérieur sur un hall généralement d'environ 10 à 11 m sur 7. Sur les côtés et au fond, les cellules sont excavées et une image du Bouddha se tient habituellement dans une niche au fond face à l'entrée. Le nombre de cellules change selon la taille du hall, et dans les plus grands, des piliers soutiennent le toit de chacun des trois côtés, formant une sorte de cloître entourant le hall. Les salles de réunion pénètrent beaucoup plus profondément dans la roche, les plus grandes d'entre elles mesurant jusqu'à 30 m sur 14, cloître y compris.
Les contes de Jataka sculptés dans la roche
La richesse des couleurs, la souplesse des formes et la chaleur spirituelle des peintures murales d'Ajantâ s'inscrivent dans une tradition qui a eu une influence sur l'art des temples à travers l'Inde et l'Asie du Sud-Est tout au long du millénaire suivant. Des scènes colorées illustrent les vies antérieures de Bouddha ( contes de Jataka), cela sur des piliers sculptés comme sur les plafonds décorés.
Les peintures des grottes plus récentes décrivent aussi la riche vie de la Cour, précieux témoignage des fastes d'antan.
Le site se visite toute l'année, idéalement de mars à octobre. On y accède par la ville de Aurangadad à 300km de Mumbai.
Ne pas manquer non plus à proximité les grottes de Ellora, mélange de bouddhisme, Hindouisme et Jainisme... Cela fera l'objet d'un prochain sujet.
Lady Trog
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